Une formation peut avoir un impact aussi rapide qu’inattendu...
Ramatou Thiombiano n’est visiblement pas du genre à laisser trainer les choses. Et la patronne de presse, longtemps présentatrice du journal à la télévision a le sens de la nouvelle.
‘’Je viens de recruter 5 journalistes femmes à la rédaction de Niger 24, sur 8 nouvelles recrues’’, lance-t-elle, tout sourire, à une dizaine de responsables médias réunis en formation, à Niamey, en décembre 2022.
On sent chez la directrice générale de la fierté et une petite gêne. C’est qu’elle en a fait du chemin…en une semaine.
La femme de 46 ans explique avoir pris conscience de ses angles morts.
Ébranlée dans ses certitudes en échangeant, comme invitée, avec le formateur Karim Djinko et la première cohorte de la formation consacrée au management sensible au genre dans le cadre de MédiaSahel pour elles de CFI.
« Je suis venue et ça m’a changé. Je me suis améliorée. Je vois maintenant les choses différemment’’.
Un virage à 180 degrés de celle qui, une semaine auparavant, s’amusait de sa réputation de gestionnaire ‘’intransigeante et sans pitié’’. Elle confiait, candidement que ‘’le genre, ça n’existe pas chez moi.’’
Au point de ne pas sourciller quand quatre femmes de sa rédaction ont tour à tour quitté le navire Niger 24, sous le poids des pesanteurs socio-culturelles.
‘’J’ai maintenant compris qu’il faut quand même donner aux femmes la chance de s’exprimer’’, précise la directrice dont le parcours s’est forgé dans la difficulté. J’ai compris que je devais regarder mon cas comme une chance et essayer de leur apporter ce que moi je n’ai pas eu »
Ce que Ramatou Thiombiano n’a pas eu, c’est notamment le soutien de collègues masculins. Des confrères bourrés de préjugés sur la capacité d’une femme à exercer comme journaliste. Alors, certains lui ont glissé des peaux de banane. En espérant qu’elle trébuche.
Peine perdue. La jeune Ramatou, sortie fraîchement de l’IFTIC, l’école des journalistes du Niger ne fait pas de complexes. Celle que son père surnomme ‘’L’œil de Niamey’’ trace son chemin.
D’abord comme reporter en 2002 à l’Office de radiodiffusion et télévision du Niger (l’ORTN). Elle y reste sept ans, notamment à Tal TV, la deuxième chaîne de la télévision nationale.
Après une parenthèse pour travailler à l’ONG Equall Acces, Ramatou Thiombiano pose des valises au Burkina Faso, où s’installe sa petite famille.
À Ouagadougou, elle pense d’abord prendre une pause du journalisme. Mais elle finit par répondre à un appel à candidature de Canal 3, une chaine de télévision d’information de proximité.
Elle met son mari, pilote de ligne, devant le fait accompli. Lui qui ne voyait plus d’un bon œil sa conjointe devant le tube cathodique.
Lorsque, de retour à Niamey en 2017, Ramatou Thiombiano s’installe à la tête de Niger 24, son style de gestion est à l’image de son parcours : elle ne fait pas de quartier. Tolérance zéro pour celle qui veut voir chez ses collaborateurs du courage à toute épreuve.
Un niveau d’exigence et une recherche d’efficacité, à court terme, pas toujours compatible avec la nécessité d’accompagner et de bâtir la confiance de femmes qui débutent dans un métier où elles ne représentent qu’environ 15% des effectifs.
Mais ça, c’était avant de participer, comme invitée, à la formation initiée par CFI, dans le cadre du projet ‘’MédiaSahel pour elles’’
‘’Je ne suis plus le manager figé sur les résultats financiers’’, assure-t-elle.
Ramatou Thiombiano, qui a mené les entrevues d’embauches de ses nouvelles recrues, dit avoir senti une grande motivation. Elle est impatiente de les coacher pour qu’elles tracent leur propre voie.
Karim Djinko
Formateur, coach exécutif et de gestion
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